Le phénomène de la mise en vrille est complexe, et il n'existe pas d'explication simple. Les forces aérodynamiques sont mal connues, parce que, d'une part, elles sont difficilement mesurables en volant aux incidences de perte de contrôle, et, d'autre part, parce que les résultats obtenus en soufflerie ne sont pas facilement transposables à l'avion. On peut néanmoins donner quelques éléments permettant d'expliquer le départ d'avion en vrille.
La vrille est un décrochage dissymétrique entretenu qui se produit généralement à la suite d'un décrochage complet. Elle se produit lorsqu’une aile génère plus de portance que l'autre alors que l'avion se trouve au voisinage de l'incidence de décrochage. L'avion bascule et part par exemple en roulis à droite. Ceci entraîne une augmentation d'incidence ∆α sur l'aile qui descend (aile droite) et une diminution d'incidence sur l'aile qui monte (aile gauche). La rotation résulte d'une inégalité d'angle d'attaque entre les ailes de l'avion. L'aile montante, moins calée, a une incidence décroissante, où la portance relative augmente et la traînée diminue. Pendant ce temps, l'aile descendante a une incidence croissante, ce qui entraîne une diminution de la portance relative et une augmentation de la traînée.
Supposons que l'incidence α1 soit supérieure à celle du Cz maximum (α∆Cz max).
Le schéma ci-dessous montre que dans ces conditions, une augmentation d'incidence ∆α donne une diminution de Cz donc de portance. La portance devenant plus grande sur l'aile gauche que sur l'aile droite, le mouvement de roulis s'amplifie.
Un mouvement d’autorotation s’en suivra avec le nez de l'avion vers le bas et la spirale sera aggravée sans manœuvre corrective.
Les avions modernes ont tendance à être plus réticents à partir en vrille que les avions plus anciens, mais il n'est pas impossible qu'ils partent en vrille. Une mauvaise manipulation des commandes dans les virages, les décrochages et le vol à des vitesses minimales contrôlables peut entraîner même les avions les plus réticents dans une vrille accidentelle.
Il est donc essentiel de savoir éviter les conditions susceptibles de conduire à un décrochage ou à une vrille accidentelle et de prendre rapidement les mesures nécessaires pour revenir à un vol normal.
En principe, pour sortir de vrille :
- il faut faire cesser la dissymétrie en utilisant le plein débattement de la gouverne de direction dans le sens inverse de la vrille,
- puis, presque simultanément, pousser sur le manche (rendre la main) afin de réduire l'incidence de l'aile pour empêcher cette dernière d'atteindre ou de rester à ou au-delà de l'incidence de décrochage,
- réduire la puissance au minimum.
La vrille étant une forme de vol inhabituelle, elle peut désorienter les pilotes et leur faire perdre une partie de leurs moyens. Même lorsque la sortie paraît longue, il faut inpérativement maintenir les commandes dans la position préconisée par le manuel de vol et si la sortie n'est pas visible, c'est peut-être parce qu'elles ne sont pas dans la bonne position. Le pilote doit donc vérifier qu'il n'a pas fait d'erreur et de la corriger le cas échéant, mais il ne doit en aucun cas essayer une manœuvre autre que celle prévue dans les consignes.
Source : - Claude Lelaie
- Airplane Flying Handbook (FAA-H-8083-3B)